Vous souffrez d’une insuffisance veineuse qui concerne les veines du pelvis (ou petit bassin). Ceci est lié à un mauvais fonctionnement de ces dernières dont la fonction de drainage est altérée, et entraine l’apparition de varices soit internes dans le pelvis, soit externes apparentes au niveau du périnée ou de la racine des membres.
CAUSE
Les varices pelviennes peuvent êtres primitives, favorisées par les grossesses (cas le plus fréquent).
Elles peuvent également être secondaires à une compression veineuse interne (ex : Syndrome de cockett lié à une compression de la veine iliaque gauche par l’artère iliaque droite, Syndrome de Nutcracker lié à une compression de la veine rénale gauche par l’artère mésentérique, ...)
SYMPTÔMES ET RISQUES ÉVOLUTIFS
Les varices pelviennes sont fréquentes mais le plus souvent asymptomatiques et ne doivent alors pas être traitées.
Dans certains cas ces varices peuvent devenir symptomatiques et donner 3 tableaux cliniques :
-Le syndrome de congestion pelvienne : c’est une cause fréquente de douleurs pelviennes chroniques. La raison pour laquelle certaines femmes développent des symptômes est inconnue. La plupart des femmes qui ont un syndrome de congestion pelvienne sont âgées de 20 à 45 ans et ont eu plusieurs grossesses.
Des douleurs pelviennes se développent après la grossesse. La douleur a tendance à s'aggraver à chaque grossesse ultérieure. Généralement, la douleur est une douleur sourde, localisée dans le bas ventre, mais elle peut être aiguë ou lancinante. Elle est plus importante à la fin de la journée (après que les femmes ont été assises ou debout longtemps) et elle est soulagée par la position couchée. La douleur peut être rythmée par le cycle menstruel, et est également plus intense pendant ou après les rapports sexuels. Il peut être accompagné par des douleurs lombaires, des jambes et des saignements menstruels anormaux. Certaines femmes présentent parfois un écoulement vaginal clair ou aqueux. Les autres symptômes peuvent comprendre des troubles urinaires ou un météorisme abdominal.
-Des varices perinéales : il s’agit de dilatations veineuses qui peuvent apparaitre dans l’entrecuisse ou au niveau de la vulve, voire au niveau du vagin. Elles peuvent être plus ou moins visibles ou sensibles selon le moment de la journée ou du cycle menstruel, voire l’état de fatigue. Elles peuvent s’accompagner d’une gène voire de douleurs, parfois même pendant les rapports sexuels.
-Des varices des membres inférieurs : dans certains cas les varices pelviennes peuvent communiquer avec les veines des membres inférieurs et entrainer l’apparition de varices de topographie atypique : sur les fesses, la face postérieure des cuisses, racine des cuisses. Elles peuvent également entrainer une insuffisance des veines saphènes avec apparition de varices jambières. Enfin elles peuvent être la cause d’une récidive de varices après une chirurgie de varices des membres inférieurs.
DIAGNOSTIC DES VARICES PELVIENNES
Le diagnostic est évoqué à l’interrogatoire et à l’examen clinique et peuvent conduire le spécialiste à demander éventuellement une échographie, un scanner ou IRM pelvienne.
L’existence de varices pelviennes symptomatiques doit faire réaliser une phlébographie pelvienne, examen indolore réalisé en ambulatoire. C’est le seul examen capable de dresser une cartographie pelvienne qui permet de décider de la conduite à tenir. Par une ponction au pli de l’aine, sous anesthésie locale, un cathéther est introduit dans la veine fémorale et différentes injection de produit de contraste iodé permettent de visualiser les veines pelviennes et identifier si elles présentent un défaut de drainage.
POSSIBILITÉS THÉRAPEUTIQUES
Les antalgiques simples, anti-inflammatoires et les veinotoniques peuvent être utilisés en traitement de courte durée pour soulager les symptômes.
Si la symptomatologie n’est pas jugulée avec le traitement médicamenteux, on peut proposer une prise en charge chirurgicale par embolisation des varices pelviennes :
La procédure est réalisée au cours d’une hospitalisation ambulatoire d’une demi journée. Elle se déroule dans une salle d’imagerie au bloc opératoire sous Rayons X avec Injection de produit de contraste iodé.
Un produit sédatif est administré par perfusion pour vous détendre. L’intervention est réalisée soit par voie brachiale (ponction au pli du coude droit) ou par voie fémorale (ponction au pli de l’aine). Une anesthésie locale est effectuée. La veine brachiale ou fémorale est ponctionnée, un désilet (une sorte de fin tuyau étanche avec valve) est mis en place dans la veine permettant ensuite d’introduire facilement un fil guide et un cathéter dans le système veineux.
La technique consiste à oblitérer les varices par un produit sclérosant ou par des coils ou de l’ONYX®. Un Coil est un matériel en alliage non résorbable non ferromagnétique qui ressemble à un fil pelucheux en forme de spirale. Un produit sclérosant peut également être injecté pour favoriser la formation du thrombus. L’ONYX® est un agent embolisant liquidequi se solidifie au contact du sang.
Une opacification de contrôle permet de vérifier l’obstruction de la veine variqueuse et de déceler d’éventuelles autres veines variqueuses qui, le cas échéant, peuvent nécessiter un complément d’embolisation. Le cathéter et le désilet sont retirés en fin d'intervention. Un pansement est mis en place au pli de l’aine. Il sera retiré avant le départ.
COMPLICATIONS
Les complications sont rares :
PRECOCES :
-Échec. Il est rare mais peut survenir par une impossibilité à naviguer à l'intérieur d'une veine.
-Hématome au point de ponction brachial ou fémoral : il s'agit en général d'une simple coloration cutanée appelée ecchymose. Très rarement, il peut se constituer un véritable hématome qui retardera alors votre sortie d'hospitalisation si nécessaire.
-Douleurs pelviennes (ou majoration des douleurs habituelles) pendant 48H à 10 jours en rapport avec la thrombose des veines traitées. Des anti-inflammatoires peuvent être prescrits pendant quelques jours.
-Perforation veineuse pelvienne : peut entrainer un hématome pelvien en général de faible abondance et non douloureux, qui se résorbe spontanément.
-Allergie, rare.
-Migration de matériel dans le système veineux (coils ou ONYX®) :rare, correspond au déplacement du matériel implanté dans le système veineux, qui peut remonter par la veine cave jusque dans les veines pulmonaires et entrainer une embolie pulmonaire, le plus souvent peu symptomatique.
TARDIVES :
-Migration de matériel, exceptionnel.
-Récidive : occasionnellement, les douleurs pelviennes peuvent réapparaitrent avec le temps, parfois quelques mois ou années après l’embolisation. Ceci est favorisé par la survenue d’une nouvelle grossesse. Il faut éliminer un syndrome de compression veineuse. Souvent il faut réitérer la phlébographie puis l’embolisation pour traiter les nouvelles veines variqueuses. Les résultats d’un nouveau traitement sont bon en général.
RESULTATS
Les résultats de l’embolisation sont bon avec une disparition des douleurs dans environ 80%.
Pour un résultat esthétique optimal, l’embolisation des varices périnéales et / ou des membres inférieurs peut être complétée par quelques séances de sclérose des varices superficielles, ou phlebectomies si elles sont volumineuses (ablation chirurgicale des varices à l’aide d’un crochet par des mini-incisions)
CAS PARTICULIERS
Quand les varices pelviennes sont secondaires à une compression veineuse, on peut être amené a traiter cette compression pour éviter la récidive.
La compression peut être traitée par la mise en place d’un stent, sorte de ressort placé dans la veine au niveau de la zone comprimée, pour maintenir son calibre et rétablir son drainage physiologique. La pression dans le réseau veineux sous jacent va donc diminuer et éviter la survenue d’une récidive.
Il existe également des techniques de chirurgie ouverte pour traiter cette compression veineuse (transposition de l’artère qui comprime la veine, pontage, ...), toujours dans le but de rétablir un drainage veineux normal.
EN RÉSUMÉ
Ces explications ne peuvent être exhaustives et votre médecin traitant a également été informé des propositions thérapeutiques qui vous ont été faites. Le chirurgien et le médecin anesthésiste restent à votre entière disposition pour vous fournir tout renseignement complémentaire sur tel ou tel point particulier que vous auriez insuffisamment compris et que vous souhaiteriez faire préciser.
Cette information n’a pas pour but de vous inquiéter mais de vous informer et de vous faire prendre conscience qu’il n’est pas de petite intervention chirurgicale. Par ailleurs, soyez sûr que l’intervention chirurgicale qui vous est proposée est une décision réfléchie et motivée qui tient compte du rapport bénéfice/risque pour vous-même.