Vos examens ont montré une atteinte importante d’une artère jambière qui nécessite une intervention chirurgicale.
Afin de prendre une décision en toute connaissance de cause, vous devez être informé des risques encourus et des suites normalement prévisibles de l’intervention. Le chirurgien et le médecin anesthésiste vous rencontreront en consultation préopératoire et vous expliqueront le déroulement de cette intervention. Cette fiche vous aidera à vous préparer à l’intervention.
À QUOI SERVENT LES ARTÈRES DE LA JAMBE ?
Le sang oxygéné est apporté jusqu’à la jambe par l’artère fémorale puis poplitée qui se ramifie, au niveau du genou, en trois branches (artères tibiale antérieure, tibiale postérieure et péronière) qui irriguent et permettent l’oxygénation de la jambe et du pied. Dans la majorité des cas, lorsqu’un caillot bouche une seule de ces 3 artères (thrombose) la suppléance est assurée par les deux autres, permettant une oxygénation normale de la jambe et du pied. En revanche, lorsque les trois artères sont atteintes, la vitalité du pied peut être menacée.
QUELLE LÉSION EST À L’ORIGINE DU RÉTRÉCISSEMENT DE L’ARTÈRE ?
La maladie athéromateuse est à l’origine de l’immense majorité des lésions artérielles fémorales. La plaque athéromateuse est constituée d’une accumulation de graisses, de glucides (sucres), de tissus fibreux et de dépôts calcaires dans la paroi de l’artère. Cette plaque peut se compliquer. En se fracturant à l’intérieur de l’artère, elle entraîne parfois la formation d’un caillot qui bouche l’artère ou qui, en se détachant, entraîne une embolie. Ces plaques athéromateuses se développent surtout, en raison des turbulences du flux sanguin, au niveau des bifurcations artérielles. La maladie athéromateuse est favorisée par les facteurs de risque cardio-vasculaire : tabac, hypertension artérielle, anomalies lipidiques (excès de cholestérol), diabète et vieillissement.
COMMENT SE TRADUIT UNE ATTEINTE DES ARTÈRES DE LA JAMBE ?
Les manifestations cliniques, qui sont regroupées sous le terme d’artérite, sont liées au degré de l’atteinte :
-Douleurs de repos : il s’agit de douleurs nocturnes intenses, souvent intolérables, siégeant au niveau des orteils et des pieds. Ces douleurs sont associées à une froideur des extrémités. Elles obligent le patient à se lever ou à laisser pendre les jambes hors du lit, et cèdent alors très progressivement, traduisant un degré avancé de la maladie et imposant un avis médical urgent ;
-La survenue de plaies, de gangrène ou d’infection peuvent entraîner la perte de votre pied.
EXISTE-T-IL UNE ALTERNATIVE À L’ANGIOPLASTIE ?
Dans tous les cas, avant d’envisager une intervention chirurgicale, il est impératif de consulter votre médecin qui vous guidera vers un spécialiste (angiologue, cardiologue) qui réalisera un examen écho-doppler.
Il s’agit souvent de situation de semi-urgence, voire d’urgence. Un traitement médical est nécessaire, mais le plus souvent insuffisant. Il ne peut, à lui seul, permettre la guérison.
Le traitement par pontage (remplacement de l’artère par une prothèse en tissu ou dérivation d’une artère) est une alternative, mais il s’agit d’un geste chirurgical habituellement plus lourd. Il peut être associé au geste d’angioplastie
QUELLES SONT LES MODALITÉS DE L’ANGIOPLASTIE ?
L’intervention est pratiquée au bloc opératoire ou en salle dédiée aux gestes endo-vasculaires. Elle est réalisée sous anesthésie locale ou générale.
Le médecin commence par installer un cathéter, le plus souvent au niveau du pli de l’aine, dans l’artère fémorale. Il est parfois possible de réaliser l’abord au niveau du membre supérieur. Une sonde est descendue dans l’artère fémorale en suivant un fin guide métallique, sous contrôle radioscopique. La zone rétrécie de l’artère est soit simplement dilatée grâce à un ballon gonflable à l’extrémité de la sonde, soit dilatée et consolidée grâce à la mise en place d’un ressort métallique (stent) ou d’une petite prothèse fixée à un stent. Une dilatation d’une artère jambière peut être nécessaire pour compléter le geste.
Après retrait du matériel d’angioplastie, la « fermeture » de la ponction de l’artère est obtenue soit :
-Par un pansement compressif qui est maintenu jusqu’au lendemain. Le patient doit rester strictement allongé sur le dos pour permettre la « cicatrisation » du point de ponction artérielle ;
-Par un système de fermeture qui permet le plus souvent un lever dans les 6 heures.
La durée habituelle de l’hospitalisation varie de 1 à 3 jours. Les soins postopératoires sont limités aux pansements et à la prise d’antiagrégant plaquettaire au long cours, pour fluidifier la circulation sanguine. A la sortie, le médecin vous prescrit un repos de 48h et un traitement antiagrégant plaquettaire. Vous serez revu en consultation par votre chirurgien 1 à 3 mois mois après votre sortie du service, puis régulièrement pour réaliser un écho-doppler de contrôle.
QUELS SONT LES ACCIDENTS ET COMPLICATIONS POSSIBLES AU COURS DE CETTE INTERVENTION ?
Certains incidents ou accidents peuvent survenir malgré toutes les précautions mises en oeuvre. Il peut s’agir :
-D’un échec dû à l’impossibilité de franchir la sténose (ou oblitération) avec le cathéter. Ce cas, de plus en plus rare avec l’amélioration du matériel, doit être envisagé avec votre chirurgien avant l’intervention. Il est alors nécessaire de recourir à un pontage au cours de la même intervention, ou de manière différée ;
-D’une hémorragie par rupture de l’artère. Elle est exceptionnelle et peut être stoppée grâce à la mise en place d’une endo-prothèse ou nécessiter une intervention chirurgicale (pontage). Cette situation rare peut justifier une transfusion pour compenser les pertes sanguines ;
-D’une thrombose : l’artère dilatée peut se « boucher » (thrombose) à la suite d’un mécanisme d’altération de la paroi artérielle (fissure, rupture du revêtement de l’artère) avec création d’un caillot. Ce phénomène peut, le plus souvent, être évité par la mise en place d’un stent ;
-D’embolies : la dilatation provoque une « fracture » de la plaque athéromateuse qui peut être responsable de la migration de petits fragments dans les artères du membre inférieur. Habituellement, ces embolies sont minimes et ne demandent pas de traitement spécifique. S’il s’agit d’une embolie importante, le chirurgien peut être amené à réaliser en urgence une désobstruction de l’artère en cause.
QUELS SONT LES RISQUES ET INCIDENTS AU DECOURS DE L’INTERVENTION ?
-Hématome au niveau du point de ponction artérielle (pli de l’aine). Il favorisé par l’utilisation de traitements anticoagulant et antiagrégant. En cas d’hématome important et évolutif, le chirurgien peut être amené à proposer une intervention chirurgicale ;
-Insuffisance rénale et manifestations allergiques (urticaire, oedème, choc cardio-vasculaire) sont exceptionnelles (1-3/1000). Ces complications, en rapport avec l’utilisation des produits de contraste iodés, sont le plus souvent bénignes et transitoires. Tout antécédent de réaction allergique doit être signalé au cours de la consultation préopératoire ;
-Re-sténose : l’artère se rétrécit à nouveau sur le site où elle a été dilatée. Cette re-sténose survient en règle générale au cours de la première année et correspond à un processus de cicatrisation excessive de l’artère. Sa fréquence est actuellement estimée à 10-15 %. Le succès à long terme (5 ans) de l’angioplastie iliaque est d’environ 85 % et dépend beaucoup de la suppression des facteurs de risque et en particulier de l’arrêt du tabagisme,
-L’angioplastie est réalisée sous radioscopie, mais les doses de rayons X délivrées sont très faibles. Aucune complication décrite de ce type de procédure n’a pu leur être attribuée.
-L’infection du site opératoire : comme pour tout acte chirurgical comportant un abord cutané, une hygiène rigoureuse de la peau et une préparation spécifique sont impératives, la majorité des infections post opératoires étant due à des germes présents dans l’organisme (peau, sphère ORL, appareil digestif, appareil génito-urinaire, etc..)
SURVEILLANCE
Les résultats à distance de l’angioplastie sont assez bons. Les risques d’infections associés au matériel déposé et aux points de ponction sont exceptionnels.
Les complications sur le point de ponction sont très rares : sténose, fistule avec la veine, faux anévrisme (persistance du trou de ponction alimentant un petit hématome).
L’évolution de la pathologie athéromateuse (re-sténose ou apparition d’autres sténoses) peut survenir. Cela explique l’importance d’une surveillance régulière de tous les opérés.
EN RÉSUMÉ
Ces explications ne peuvent être exhaustives et votre médecin traitant a également été informé des propositions thérapeutiques qui vous ont été faites. Le chirurgien et le médecin anesthésiste restent à votre entière disposition pour vous fournir tout renseignement complémentaire sur tel ou tel point particulier que vous auriez insuffisamment compris et que vous souhaiteriez faire préciser.